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CORONAVIRUS : La Vie Avant, Pendant, Après...

Transmise par Stéphanie ULLY 

NEWSLETTER IFYM - Avril 2020 (Institut Français de Yoga)

Chers amis,

Voilà une semaine, en lien avec la situation sanitaire que connaît le monde, nous proposions le numéro 59 de notre magazine Regard. 

Depuis, la période de confinement se poursuit, réduisant notre espace de vie et de relation. Pourquoi ne pas profiter de ce moment particulier pour regarder et mettre en question notre manière de fonctionner ?

En quoi sommes nous affectés par cette expérience, en quel endroit de notre être ? Pour nous aider à y voir clair, voici cette newsletter dans laquelle Didier Zawadzki, François Lorin et Josselyne Lorin partagent leur ressenti face à la situation que nous vivons. Merci pour leurs textes inspirants. Prenez soin de vous et à bientôt

Colette Hersnack,  résidente de l’IFYM, au nom du CA 



LA VIE AVANT, PENDANT, APRES 
Comment sortir grandis de cette période. En quoi le yoga apporte-t’il des réponses?
Chacun a ses propres questions et ses propres réponses bien sûr, mais conserver le lien et partager avec nos proches, nos amis me paraît, aujourd’hui plus que jamais nécessaire et sain, au risque de se replier sur soi-même.
J’ai pour ma part pu constater que des personnes, réputées fortes dans la vie d’AVANT, peuvent s’écrouler, terrassées car n’acceptant pas la situation telle qu’elle se présente, se considérant comme victimes d’une situation intolérable.
Je crois qu’il y aura après, dans la mémoire collective une trace de la vie avant , et de la vie pendant. 

 En cette période sans précédent dans notre histoire moderne, nous pouvons nous interroger, je crois, sur le sens de cette crise mondiale. 




LA VIE AVANT : LA COURSE
Une vie passée à courir, de plus en plus vite, en perte de sens, mais sans pouvoir ralentir, sans même parler de s’arrêter, tels des sportifs en surchauffe perdant toute lucidité. Les personnes fortes et parfaitement adaptées étaient celles qui couraient le plus vite et s’occupaient à toutes sortes de choses, avec des agendas surchargés. C’était cela le comportement « bien et adapté ».

LA VIE PENDANT : LA PAUSE
Il a fallu donner brutalement un énorme coup de frein, il n’y avait pas le choix. Les pneus ont fumé, le bolide en pleine accélération s’est arrêté en quelques heures. En une nuit, un décret a enfermé  toute une population dans ses foyers. Stupéfiant. Et inquiétant.
Sidération, étonnement, hébétude, atonie, pendant quelques temps. Le temps de reprendre son souffle.
Assez rapidement une sensation de gratitude apparait, pour cette pause agréable, en oubliant un peu les malades et les morts….
Et très vite, les peurs, les angoisses, génératrices de souffrance, masquées à grand peine par la frénésie de l’agitation, reviennent en force. 
Toute la gamme des comportements humains, des plus nobles aux plus vils, des plus intelligents aux plus stupides, réapparaissent. 
Les informations pullulent, justes ou fausses, vraies ou fake. 
Les collapsologues et les Cassandre de tous poils triomphent (enfin), et nous bombardent d’explications et de prédictions échevelées, de conseils, mettant en avant des thèses étranges ou douteuses, mélangeant pêle-mêle un peu de tout.
Les réunions virtuelles foisonnent: tutoriels, webinairs, conférences en tous genres. On peut à nouveau remplir son agenda. Il y a en a même qui veulent partir en vacances.
Il était temps, si ça continuait on allait tous être bons à enfermer!
Bref, la Vie reprend ses droits. La Vie?

LA VIE APRES  
Je me suis arrêté, nous nous sommes tous arrêtés, mais aurons nous vraiment réfléchi et appris quelque chose?
Qu’est ce qui aura changé dans ma vie, dans notre vie?
Merci à Josselyne, François d’avoir accepté généreusement comme toujours, de partager avec nous leurs réflexions.
Didier Zawadzki  Vice-Président de l’IFYM 

SE DISTRAITE DE QUOI ?
Nous voici donc en vacances, à ceci près : nous sommes contenus sur place au lieu d’aller « voir » ailleurs et se distraire d’une façon ou d’une autre.
Il paraît que beaucoup de gens, une fois à la retraite, se sentent perdus, voire déprimés ; la vie n’a plus de sens alors que l’on pourrait supposer le contraire ; quelque chose comme : enfin libre!
La « distraction », tel est le mot clef !
Et cela s’apprend très tôt.
Je ne sais si beaucoup d’enfants aujourd’hui savent vraiment être seuls et en goûter la beauté .
Puis l’école, les devoirs, les activités diverses après l’école, sportives, artistiques, et par-dessus tout aujourd’hui, ordinateurs, portables, sacro-saints réseaux dits sociaux.
Il faut à tout prix ne laisser aucun espace, aucun « Rien ».

SE DISTRAITE DE QUOI ?
De la peur de confronter ce qui reste lorsque l’on a réalisé que derrière ces « fuites en avant »il y a le Vide, le Rien et l’angoisse que cela génère.
Voilà qu’apparaît Coronavirus, cette chose infiniment minuscule qui vient bousculer les habitudes, les échappatoires en tout genre.
Voilà que sonne le glas des frénésies d’action et qui donne, si l’on est prêt, l’opportunité de retourner le regard vers le lieu où l’on se sent exister.
Le majuscule Ennui va bien vite montrer le bout de son nez et avec lui les stratégies d’évitement.
Alors il va falloir, si l’on en a vu l’urgence et pressenti la beauté, s’arrêter et faire face, laisser la peur de l’ennui s’exprimer dans toute son ampleur, bien sûr non pas « l’idée » ennui qui est une abstraction, mais sa manifestation concrète dans le corps, la sensation « ennui ».
Immanquablement, si l’on a pu rester intérieurement immobile face à son déploiement, nous arriverons à l’Inconnu ( Rimbaud, la lettre du Voyant) ; 
miraculeux qu’aucun savoir, fut-il immensément riche, ne saurait appréhender.
Cela étant: chapeau bas à tous les soignants, à tous ceux qui risquent leur santé pour les « autres » !
Josselyne Lorin 

CONFINEMENT ET DEVOIR et de présence Hormis les soignants, les livreurs, les caissières, les gendarmes, les policiers, les militaires et quelques autres nous sommes en vacances...forcées.
Vive les vacances chantaient les enfants heureux de sortir du carcan de l’école et ravis de retrouver la liberté de jouer.
Pour la plupart de nos compatriotes ces vacances ont un goût amer et parfois désespéré : que va t-il nous arriver, que vont devenir nos jobs, nos économies, nos (vraies) vacances, notre avenir ?
Pour les rassurer je propose un devoir à la maison , en confinement : le devoir de présence.
L’angoisse monte : écoutons la avec sollicitude ; nous sommes en guerre : voyons clairement que le Covid 19 n’est pas un ennemi mais une conséquence de nos comportements collectifs ; les enfants s’ennuient, ressentons vraiment ce que cela nous fait et ce que nous avons envie de leur dire et...disons le.
La présence est le contraire de la fuite et de ses acolytes :  projection de la pensée dans un futur a jamais inconnaissable ou encore réminiscence d’un passé corrompu par nos défaillances de mémoire.
Seul le « présent » (cadeau) du présent existe et il nous file sous le nez sans cesse parce que nous recherchons toujours 
ailleurs et autrement une satisfaction pour masquer notre incomplétude et notre manque.
Alors, profitons vraiment du cadeau du confinement pour voir d’instant en instant le contenu de notre esprit, les messages de notre corps, le détail de nos environnements, les réactions que tout cela suscite en nous et, peut-être découvrirons nous alors une façon radicalement différente d’aborder l’existence : faire ce qui doit être fait pour survivre et ensuite se rendre disponible pour contempler le monde tel qu’il nous apparaît !
Et si le confinement dure assez longtemps  d’aucuns verront peut-être au-delà des expériences changeantes, plaisantes ou déplaisantes , leur ultime réalité : l’espace de conscience sans forme ni limite, amoureux de ses créations incessantes en changement permanent, y incluant le coronavirus, la naissance, la mort, le pouvoir, l’impuissance et toute la gamme des expériences.
François Lorin


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